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Je donne depuis de nombreuses années un cours de formation dans une grande entreprise helvétique dont le personnel, comme dans de plus en plus d’entreprises, est de plus en plus … pressé dans les deux sens du mot : talonné par le temps et pressé comme des citrons pour en extraire la substantifique moelle, entendez le rendement maximum dans un minimum de temps. Ainsi hier seulement j’y donnais un cours et une participante lève timidement la main : c’était deux heures avant la fin du cours, à la mi après-midi. Elle avait travaillé toute la nuit et était rentrée tôt le matin pour repartir une heure et demi plus tard pour le cours.  Elle devait reprendre le travail le soir même en début de soirée, peu de temps après la fin du cours ! Et cela après un accident qui l’obligeait à marcher avec une béquille.

Elle avait demandé un jour de congé à son chef de service (à ses propres frais bien sûr) qui lui fut vertement refusé sous prétexte que le cours n’était pas obligatoire, même s’il était payé par l’entreprise. Il va de soi que j’ai accédé à sa demande.

En 15 ans, comme beaucoup de lectrices ou lecteurs de ce blog, j’ai noté une détérioration dramatique des conditions de travail liée à une déshumanisation préoccupante de ce dernier – tendance qui caractérise nombre d’entreprises tant privées que publiques. J’ai déjà eu à faire remarquer dans ces lignes que le système gagnant-perdant actuel – le vieux paradigme de société – est de plus en plus acculé dans ses derniers retranchements et certains ne voient le salut que dans la course en avant. Mais on ne peut que serrer la vis jusqu’à un certain degré. Passé ce point, la «contreproductivité structurelle» c’est-à-dire, pour parler le langage du système, les pertes de rendement dus aux efforts excessifs pour augmenter ce dernier, deviendront si immenses qu’ils susciteront soit l’effondrement (sectoriel ou total) du système, soit les solutions nécessaires pour aboutir au nouveau paradigme gagnant-gagnant qui est inévitable si l’humanité veut survivre.  

Ce n’est même plus un choix, c’est la seule solution tant réaliste qu’humaine.