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En Afghanistan, bien que mineur, je travaillais comme chauffeur de camion pour une compagnie qui opérait sur une base militaire américaine. Pour cette raison, j’étais considéré comme un traître par les talibans. Si vous ne voulez pas qu’ils me tuent, laissez-moi vivre ici !

Lorsque j’ai quitté Kaboul, j’avais 16 ans. J’ai voyagé seul pendant près de six mois pour arriver en Suisse.

Parfois, je n’avais ni à manger, ni à boire pendant plusieurs jours. J’ai marché dix-huit jours à travers les montagnes jusqu’en Iran, traversé la mer avec quarante personnes sur un bateau censé en transporter dix, passé deux semaines en prison en Grèce ; à Patras je me suis caché dans un camion qui devait être chargé sur un bateau pour l’Italie ; les gardes-frontières m’ont trouvé et sorti à coups de pied. J’ai recommencé, et après trois mois j’ai réussi à passer.

En Suisse, j’ai pu commencer une nouvelle vie. J’ai été hébergé dans un foyer pour mineurs non accompagnés, j’ai été à l’école et j’ai appris à parler et écrire en français. J’ai cherché un apprentissage mais comme je n’avais qu’un permis N (statut de demandeur d’asile), les employeurs ne voulaient pas m’engager. C’est comme ça en Suisse : on attend de toi que tu travailles pour rembourser ce que tu coûtes à la société, mais on ne te laisse pas travailler !

Subitement, à ma majorité, j’ai reçu une réponse négative à ma demande d’asile. Pourquoi, après deux ans, me dites-vous de quitter la Suisse alors que je recommençais enfin à croire à une vie de paix et de sérénité? Vous saviez, en fait, que vous n’aviez pas le droit de m’envoyer en Afghanistan tant que j’étais mineur, alors vous avez fait exprès d’attendre jusqu’à ma majorité !

Aujourd’hui, je demande plus que jamais l’asile politique. Je veux être entendu face à l’injustice que je vis, afin de pouvoir, demain, être à nouveau debout avec un avenir devant moi » (Fin de à lettre)

Commentaire : la façon dont nous (car nous sommes collectivement responsables des personnes que nous élisons pour voter nos lois) traitons un cas comme celui de Mohamed Ali est simplement cruel, il n’y a pas d’autre mot. Cela frise même le sadisme social de faire goûter à un jeune le style de vie helvétique, de le former, lui apprendre notre langue, de commencer à vraiment l’intégrer dans notre culture et soudain de lui dire (excusez les termes, mais c’est comme cela qu’Ali doit le ressentir), « Et maintenant tu débarrasses le plancher, et plus vite que cela. » 

Ce que vous pouvez faire pour commencer? Bénissez les fonctionnaires concernés dans leur profonde compassion, leur cohérence face aux valeurs de solidarité prônés (mais pas toujours appliquées) par notre pays (fondateur de la Croix Rouge !) et leur courage et leur liberté à oser faire des exceptions à des règlements administratifs dictés dans cette circonstance en partie au moins par la peur.